Sur l’eau bleue et profonde
Nous allons voyageant,
Environnant le monde
D’un sillage d’argent,
Des îles de la
Sonde,
De l’Inde au ciel brûlé,
Jusqu’au pôle gelé…

Les petites étoiles
Montrent de leur doigt d’or
De quel côté les voiles
Doivent prendre l’essor ;
Sur nos ailes de toiles,
Comme de blancs oiseaux,
Nous effleurons les eaux.

Nous pensons à la terre
Que nous fuyons toujours,
A notre vieille mère, À nos jeunes amours ;
Mais la vague légère
Avec son doux refrain
Endort notre chagrin

Le laboureur déchire
Un sol avare et dur ;
L’éperon du navire
Ouvre nos champs d’azur,

Et la mer sait produire,
Sans peine ni travail,
La perle et le corail.

Existence sublime !
Bercés par notre nid,
Nous vivons sur l’abîme
Au sein de l’infini ;
Des flots rasant la cime,
Dans le grand désert bleu
Nous marchons avec
Dieu !














 

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Poèmes de Théophile Gautier

Théophile Gautier – The Poetry Monster