Tra la, tra la, la, la, la laire !
Qui ne connaît pas ce motif ?
A nos mamans il a su plaire.
Tendre et gai, moqueur et plaintif :

L’air du
Carnaval de
Venise,
Sur les canaux jadis chanté
Et qu’un soupir de folle brise
Dans le ballet a transporté !
II me semble, quand on le joue,
Voir glisser dans son bleu sillon
Une gondole avec sa proue
Faite en manche de violon.

Sur une gamme chromatique,
Le sein de perles ruisselant,
La
Vénus de l’Adriatique
Sort de l’eau son corps rose et blanc.

Les dômes sur l’azur des ondes,
Suivant la phrase au pur contour,
S’enflent comme des gorges rondes
Que soulève un soupir d’amour.

L’esquif aborde et me dépose,
Jetant son amarre au pilier,
Devant une façade rose,
Sur le marbre d’un escalier.

Avec ses palais, ses gondoles,
Ses mascarades sur la mer,
Ses doux chagrins, ses gaîtés folles.
Tout
Venise vit dans cet air.

Une frêle corde qui vibre
Refait sur un pizzicato,
Comme autrefois joyeuse et libre,
La ville de
Canaletto !















 

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Poèmes de Théophile Gautier

Théophile Gautier – The Poetry Monster