Théophile Gautier
Théophile Gautier, (né le 31 août 1811 à Tarbes, France – décédé le 23 octobre 1872 à Neuilly-sur-Seine), poète, romancier, critique et journaliste dont l’influence s’est fortement fait sentir à l’époque de l’évolution des sensibilités de la littérature française – du début de la période romantique à l’esthétisme et au naturalisme de la fin du XIXe siècle.
Gautier a vécu la majeure partie de sa vie à Paris. Au Collège de Charlemagne, il rencontre Gérard de Nerval et noue une amitié durable. Il étudie la peinture mais décide vite que sa véritable vocation est la poésie. Sympathique du mouvement romantique, il participe à la bataille culturelle qui s’ensuit lorsque la pièce Hernani de Victor Hugo est créée à Paris en 1830. Il évoque avec humour cette période dans Histoire du romantisme (1874) et dans Portraits contemporains (1874), dans lesquels il a donné une excellente description de son ami Honoré de Balzac. Gautier a fait la satire de ses propres extravagances, ainsi que de celles d’autres romantiques, dans Les Jeunes-France (1833). Les Grotesques (1834-1836) parlent d’écrivains antérieurs plus obscurs dont l’individualisme anticipait celui des romantiques.
Les premiers poèmes de Gautier parurent en 1830. Albertus, un long récit sur un jeune peintre tombé entre les mains d’un sorcier, fut publié en 1832. A cette époque, il se détourna des doctrines du romantisme et devint un défenseur de l’art pour l’art. La préface d’Albertus et le roman Mademoiselle de Maupin (1835) expriment ses opinions, qui provoquèrent un émoi considérable dans les cercles littéraires par leur mépris de la morale conventionnelle et leur insistance sur la souveraineté du beau. Son pessimisme et sa peur de la mort s’expriment dans le poème narratif La Comédie de la mort (1838).
En 1840, Gautier visite l’Espagne. La couleur de la terre et des gens a inspiré certaines de ses meilleures poésies, dans España (1845), et de la prose, dans Voyage en Espagne (1845). Après ce voyage, il a trouvé que voyager était une évasion bienvenue des pressions constantes de son travail journalistique, qu’il poursuivait pour subvenir à ses besoins, à ceux de ses deux maîtresses, à ses trois enfants et à ses deux sœurs. De 1836 à 1855, il collabora chaque semaine à La Presse et au Moniteur Universel ; en 1851, rédacteur en chef de la Revue de Paris ; et en 1856, rédacteur en chef de L’Artiste. Outre ce travail, il a contribué à de nombreux autres périodiques et articles. Gautier déplorait souvent ses conditions d’existence ; il avait le sentiment que le journalisme drainait l’énergie créatrice qui aurait dû être réservée à la poésie.
Les voyages, notamment en Grèce, renforcent sa théorie de l’art et son admiration pour les formes classiques. Il pensait que l’art devait être impersonnel, libre de l’obligation d’enseigner des leçons de morale, et que le but de l’artiste était de se concentrer sur la perfection de la forme. Il a développé une technique poétique qu’il a appelée transposition d’art, enregistrant ses impressions exactes lors de l’expérience d’un tableau ou d’une autre œuvre d’art. Ces poèmes, publiés dans Émaux et camées (1852;), comptent parmi ses plus beaux, et le livre fut un point de départ pour les écrivains Théodore de Banville et Leconte de Lisle. Charles Baudelaire a rendu hommage à Gautier dans la dédicace de son recueil de vers Les Fleurs du mal.
L’imagination poétique et fantastique de Gautier est mise en valeur dans ses courtes fictions – par exemple, le conte de vampire La Morte amoureuse (1836) et les évocations de l’antique Pompéi dans Arria Marcella (1852). Sa production littéraire est prodigieuse, mais sa critique artistique et dramatique seule – en partie réimprimée dans Les Beaux-Arts en Europe (1855) et dans Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, 6 vol. (1858-1859) — assurerait sa réputation. En tant que critique de ballet, il reste sans égal. Il écrit également des pièces de théâtre et, en collaboration avec Vernoy de Saint-Georges, le ballet populaire Giselle.
Gautier était estimé par nombre de ses contemporains qui étaient également des personnalités littéraires marquantes : Gustave Flaubert, Charles Augustin Sainte-Beuve, les frères Goncourt, Banville et Baudelaire. Au cours de ses dernières années, il devint l’ami de la princesse française Mathilde, qui lui confia un poste sinécure de bibliothécaire pour alléger ses difficultés financières.